Avec Emeric, nous étions 17 personnes venues à la découverte de la nature printanière…la noix de terre, la raiponce en épi, l’armérie, le polygale et la mygale, c’est quoi?
« Nous étions 17 personnes au rendez–vous sur les hauts de St Privat de Vallongue, informées par le réseau REGAIN et aussi par l’office de tourisme Cevennes Gorges du Tarn.
Emeric arrive d’une matinée d’animation à Cendras et a à peine fini son sandwich qu’il nous présente le programme du PNC d’inventaire de biodiversité. L’objectif est de mettre en valeur le patrimoine naturel sur plusieurs communes pendant 2 ans, St Privat étant une de ces communes. L’un des objectifs est un atlas de la biodiversité qui recensera les espèces animales et végétales locales tout en localisant les principaux enjeux environnementaux de la commune. L’idée est bien sûr de faire partager cette connaissance avec le plus grand nombre. Chacun peut participer à hauteur de ses compétences (prospection, animation, mise en valeur diverses).
Toutes les personnes venues de St Frézal, St Privat, Le Collet de dèze, St Germain de Calberte, Vialas et aussi un woofer dans une ferme aux Bondons ont un intérêt pour la découverte de la nature, un petit nombre plus particulièrement pour les plantes comestibles dont Noelle Reynaud qui est intervenue plusieurs fois dans des ateliers organisés par REGAIN . Séverine Kieffer vient s’informer pour enrichir des projets « écovoisins » portés par Cévennes écotourisme.
Notre premier arrêt sera pour déterrer et goutter des noix de terre, observer une belle raiponce en épi bleue au bord du chemin ; puis on fait un grand arrêt dans une prairie. Les arméries qui ressemblent à la ciboulette mais sont de la famille du plantain et les bouillons blanc en nombre, sont témoins d’un manque probable en matière organique. Emeric nous nomme les jolies touffes d’hélianthèmes jaunes et nous parle des élégants polygales (gala : lacté. Une espèce galactogène d’après la littérature…) et de la grande famille des orchidées dont nous avons de beaux spécimens délicatement mouchetés : l’orchis brûlé.
Avant notre grimpette dans la forêt de pins, on prête attention aux bruyères, genêts et sabline des montagnes sur le talus.
Comme nous rencontrons des galles de cynips du châtaignier, c’est l’occasion de parler des plantes invasives que l’on voit sur les talus en bord de routes(l’armoise de Verlot, la renouée du Japon, l’ambroisie, l’arbre à papillons, le robinier faux acacia ) : les tentatives pour s’en débarrasser coûtent parfois très cher et se soldent à moyen termes par des échecs et des dégâts importants sur le milieu naturel, il vaut mieux laisser la nature se charger de retrouver un équilibre. Néanmoins, dans le cas du cynips une solution de lutte biologique a permis de minimiser les dégâts provoqués sur la production de châtaignes. Le parasite du cynips (le Taurimus) a été introduit avec succès en de nombreux endroits des Cévennes et de France. Il s’est rapidement propagé dans la plupart des zones à cynips. Un nouvel équilibre est en train de s’installer.
On s’arrête près de pins sylvestres et Emeric nous parle de l’intérêt de cet arbre un des deux pins « autochtones » des Cévennes, comme le pin de Salzmann qui est beaucoup plus rare. Le pin sylvestre (au tronc rose saumon vers le haut de l’arbre) forme des pinèdes spontanées remarquables sur les crêtes rocheuses sauvages des Cévennes, le Circaète (le rapace mangeur de serpent) y accroche souvent son aire pour nidifier en paix.
Un peu plus loin, Emeric soulève l’écorce d’un arbre couché en décomposition et il est content d’y voir une quantité de petites bestioles : petits carabes, larves de taupins, lithobies (petit scolopendre) un peu plus haut, sous une pierre une araignée de la famille des mygales : une Nemesia et une punaise très étrange au contour pourvu de lobes, comme une feuille de chêne miniature. Il nous fait remarquer un trou dans un pin qui se remplit d’eau et fait une mare à l’intérieur de l’arbre, appelée encore dendrotelme. Ce liquide noirâtre abrite des larves diverses : moustiques, coléoptères, syrphes (sorte de mouche ressemblant à des guêpes et qui volent en faisant du surplace) et parfois deux mousses très rares peuvent aussi s’y loger (comme c’est le cas sur un chêne vert non loin de là près du hameau de Rome à Ventalon en Cévennes.
Bon, assez trainé comme ça, il est tard et on aimerait bien monter jusqu’aux ruines du château de Bellegarde avec ceux qui sont restés. On échange sur le(s) lieu(x) de naissance d’Urbain V, mais, à vrai dire on préfère observer les cavités dans les roches. On découvre sur le chemin du retour une dernière curiosité, des fils rouges entrelaçant un thym des Cévennes : c’est la cuscute du thym. »
Julie HUGON, Présidente du foyer rural de Ventalon en Cévennes
oui Julie, c’était vraiment une belle sortie, faite de bien jolies surprises. Nous avons vu tant de choses étranges comme les orobanches, ces plantes sans chlorophylle parasites de plantes ! Et puis cette mousse – Frullania dilatata – qui déclenche des dermatoses professionnelles chez les bûcherons !!
Merci à vous deux pour ce bel après-midi où même le temps menaçant n’a pas eu cœur à s’abattre sur nous !